9 septembre 2025

Petit Bateau racheté par les Américains… mais ce détail surprend tout le monde

Un jour, vous enfiliez un petit body blanc avec de jolis boutons nacrés pour votre nourrisson. Le lendemain, c’était un slip rayé qui fendait l’air dans les cours de récré. Depuis plus d’un siècle, Petit Bateau était là, discret mais tenace, cousu dans nos souvenirs. Alors pourquoi, aujourd’hui, quelque chose gratte derrière l’étiquette ? Qu’est-ce qui a bien pu pousser cette vieille maison textile française à plier bagages, et surtout, dans quelles mains est-elle tombée ? La réponse pourrait bien chiffonner plus d’un patriote, et pas seulement à cause du coton. Curieux de découvrir qui tire désormais les ficelles du tricot gaulois ?

Petit Bateau largue les amarres et quitte le port tricolore

Selon une information publiée par Le Figaro, la célèbre marque Petit Bateau a été vendue à Roark Capital, un fonds d’investissement américain spécialisé dans les chaînes de restauration et d’habillement. L’entreprise, qui appartenait jusqu’ici au groupe Rocher (Yves Rocher), change donc de pavillon après 131 ans sous bannière française. Les salariés de l’usine historique de Troyes ont appris la nouvelle fin août, par une note interne laconique : « soutien stratégique international ». En coulisse, c’était la stupeur. « On bosse ici depuis parfois trois générations. Voir la boîte vendue comme un paquet de lessive, ça brode un peu sur nos nerfs », confiait Odile, couturière depuis 1988. Ce transfert ne serait qu’un simple rachat de plus si l’acheteur n’avait pas, derrière sa façade d’investisseur, un appétit féroce pour l’optimisation fiscale et les délocalisations chirurgicales…

Quand les Américains remontent les manches

La nouvelle est tombée sèchement : Roark Capital met la main sur la marque au petit voilier, espérant « accélérer son rayonnement international » selon les mots du PDG. Mais ce langage feutré masque une mécanique bien huilée. Roark a déjà investi dans Dunkin’ Donuts, Subway et d’autres mastodontes globalisés. Leur recette : transformer des marques iconiques en machines à cash. Selon une analyse de Capital.fr, ces rachats aboutissent souvent à une standardisation des produits, une réduction des coûts… et une externalisation de la production hors d’Europe. La crainte des salariés est donc bien réelle : « Nous avons connu ça avec Dim et Lejaby. Une fois rachetées, les usines ont été vidées, et on s’est retrouvés avec des slips made in Bangladesh estampillés ‘Esprit français’ », rappelle Jacques, syndicaliste FO du textile. En 2022, l’INSEE avait déjà alerté : 8% des entreprises françaises de plus de 50 salariés ont été rachetées par des capitaux étrangers en dix ans. Une hémorragie silencieuse.

Derrière l’étiquette, un modèle en décomposition

Ce rachat interroge bien au-delà des murs de Petit Bateau. Faut-il voir ce glissement comme un symptôme d’un modèle industriel français à bout de souffle ? Selon les chiffres du ministère de l’Économie, la filière textile française a perdu 70% de ses emplois entre 1995 et 2020. On glorifie les marques « purement françaises », on vante le « made in France », mais dans les faits, rares sont celles qui échappent à la pression des rendements. Même les résistantes : Armor Lux, Saint James, Veja, sont contraintes d’externaliser une partie de leur production. Dans ce contexte, Petit Bateau est un cas d’école. Pourtant, ses ventes avaient grimpé de 6% en 2023, signe d’un regain d’attrait pour l’origine France. Mais le court-termisme stratégique semble avoir tranché : mieux vaut vendre à des géants affamés que réinvestir dans l’outil industriel.

La culotte tricolore va-t-elle devenir un trophée de collection ?

Une marque pour enfants rachetée par des squales de Wall Street : cela résume cruellement l’époque. Ironie du sort, pendant que Petit Bateau lève l’ancre, le gouvernement lance une campagne pour relocaliser la filière textile. Trop tard ? Trop timide ? L’appel du ministre de l’Industrie mi-septembre à « reconstruire une souveraineté industrielle » semble presque risible à côté des géants du capital investissement. Pire : dans les écoles de mode parisiennes, certains professeurs confient qu’ils forment désormais leurs élèves au « design pour marques sans usines ». Tout un symbole. À ce rythme, la culotte Petit Bateau deviendra bientôt un souvenir de grand-mère. À moins que les Français, consommateurs autant que citoyens, ne décident de regarder un peu plus souvent… l’étiquette.

Et vous, jusqu’où irez-vous pour vos chaussettes ?

Le rachat de Petit Bateau n’est pas qu’une anecdote de business. C’est un miroir tendu à notre rapport à la consommation, à l’identité, et à l’emploi. Sommes-nous prêts à payer plus cher pour une réelle fabrication locale ? Accepterons-nous de laisser filer nos savoir-faire sans broncher pendant qu’on nous vend la nostalgie à prix d’or ? Certains appellent au boycott, d’autres militent pour un label « production 100% française contrôlée ». Et vous, quitterez-vous le navire ou continuerez-vous à enfiler les t-shirts sans regarder la provenance ? Donnez votre avis en commentaire.

FAQ

Petit Bateau est-il encore fabriqué en France ?

Une partie de la production reste basée à Troyes, mais de nombreuses lignes sont déjà partiellement externalisées. Le rachat par Roark Capital pourrait accélérer ce mouvement.

Peut-on encore trouver des marques françaises 100% locales ?

Oui, mais elles sont rares. Citons Le Slip Français ou Atelier Tuffery, qui revendiquent une fabrique intégrale en France, avec des volumes limités.

Quels sont les risques d’un rachat par un fonds américain ?

Délocalisations, baisse de qualité, perte d’identité de marque et orientation vers une rentabilité maximale sont souvent observés dans ce type de cession.

Que représente le secteur textile en France aujourd’hui ?

Le textile représente moins de 2% de l’emploi industriel français en 2023, avec une forte concentration d’activité dans l’est et le sud-ouest du pays.

By Inès Armand

Inès Armand est une journaliste française passionnée par l’actualité brûlante et les coulisses du pouvoir. Diplômée de l’École de journalisme de Lille en 2010, elle a débuté sa carrière comme reporter terrain pour une radio locale, avant de rejoindre la rédaction de plusieurs quotidiens nationaux. Lorsqu’elle n’est pas sur le terrain, Inès anime des débats sur l’actualité et partage ses analyses sur les réseaux sociaux, où elle n’hésite pas à interagir avec ses lecteurs. Son credo : “L’information ne dort jamais, et moi non plus.

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