Les paillettes peuvent-elles changer le monde (politique compris) ?
Un tonnerre d’applaudissements, des robes à traînes longues comme des CV de sénateurs et des larmes plus sincères que certains discours de ministres. À l’Olympia, cette salle plus habituée aux « grandes chansons françaises » qu’aux perruques lilas, s’est joué vendredi dernier un spectacle aussi festif que subversif. Mais que vient donc faire une émission de drag queens dans un hebdo habitué à gratter sous la surface des combines parlementaires ? La réponse est beaucoup plus politique que les apparences ne laissent croire. Pourquoi cette finale de *Drag Race France All Stars* a-t-elle autant remué les codes ? Et dans un monde saturé de cynisme, le glitter est-il devenu le dernier refuge du contre-pouvoir collectif ?
Glitter contre grenouilles de bénitier : à l’Olympia, la riposte queer
Vendredi 28 juin, 20 heures pile. Tandis que l’Assemblée nationale se déchire sur les alliances de circonstances, un autre genre de coalition explosait de joie sous les voûtes de l’Olympia. Aux cris de « Yass Queen ! », le tout-Paris alternatif et queer entonnait un autre chant de ralliement : celui de la tolérance, de la fête, et d’une France qui ne s’excuse plus d’exister, même perchée sur 15 centimètres de talons. Selon un reportage du Nouvel Obs, la finale de *Drag Race France All Stars* n’était pas simplement un show : c’était un manifeste. Plus de 2 000 spectateurs, une mise en scène millimétrée et une ambiance digne d’un concert révolutionnaire. Les candidates, véritables activistes talonnant les élus façon stiletto, ont transformé la scène en cathédrale pop. Mais ce n’est pas tout…
Quand un podium devient tribune politique
Dans un moment inattendu et poignant, Cookie Kunty, l’une des drag queens finalistes de la saison, lâche cette phrase : « On est là, et on ne partira pas. » Silence. Puis tonnerre d’applaudissements. Derrière la fête, les pancartes invisibles. Derrière la chorégraphie, le cri contenu de milliers de personnes exclues ou invisibilisées. L’émission s’est transformée en bouclier, littéralement : « Drag queens et public étaient notre rempart », résume une étudiante venue de Tours, cataloguée comme « déviante » dans son lycée confessionnel. Côté chiffres, l’émission cumule près de 12 millions de vues par épisode entre la télé et la plateforme streaming – un record pour une production culturelle queer française en 2025. L’impact, lui, dépasse les écrans.

La dragologie, nouvelle science du contre-pouvoir ?
À force de détourner les codes les plus enracinés – genre, parole publique, autorité visuelle – les drag queens ne se contentent plus d’amuser. Elles documentent, elles résistent, elles amplifient. Comme le souligne Émilie Beaujardin-Tristan, sociologue au CNRS : « Le drag est aujourd’hui un levier d’expression politique, souvent plus accessible que les relais militants classiques. » Selon un rapport de l’INSEE publié en avril 2025, 42 % des jeunes entre 18 et 25 ans déclarent s’être « sensibilisés à des enjeux de société » grâce à des contenus pop culture queer. Alors que syndicats et partis peinent à mobiliser, une couronne en strass peut-elle incarner l’alternative ?
Parlement ou perruque : même combat pour la visibilité
Ce qui s’est passé sur cette scène de l’Olympia dépasse le simple show. Comme autrefois Coluche ou Desproges, ces nouvelles figures mixent satire, tendresse, et piques politiques enrobées de blush. Et si c’était justement ça, l’arme ultime ? Une France où la bienveillance devient radicale, où la joie devient une forme de légitime défense. La question désormais : que font les institutions ? Le Ministère de la Culture a affirmé soutenir « la diversité d’expression artistique » mais reste (étonnamment) discret dans les subventions accessibles aux projets LGBTQIA+. Alors, simple effet de mode ou amorce d’un mouvement culturel durable ?
Draguer le pouvoir : le débat est ouvert
Dans un contexte de recomposition politique et de montée des extrêmes, le glissement de la drag culture vers un outil de réflexion et de représentation sociale mériterait une place plus grande dans le débat public. Car oui, derrière les perruques, il y a de vraies luttes. Derrière les paillettes, des parcours cabossés. Et derrière chaque lip-sync, un message. Et vous, pensez-vous que le spectacle peut encore être un acte politique ? Partagez votre point de vue en commentaire ou sur nos réseaux !
FAQ
Drag Race France est-elle une émission politique ?
Indirectement, oui. Si son format est de l’entertainment, les enjeux sociétaux abordés en font une tribune engagée.
Quel est l’impact social de l’émission en France ?
L’émission contribue à la visibilité des minorités, et influence positivement les jeunes générations sur les questions d’identité et de tolérance.
Des figures politiques soutiennent-elles cette culture ?
Certains élus de gauche et centristes affichent leur soutien, mais globalement le monde politique reste frileux à l’officialiser.
Comment participer ou soutenir ce mouvement ?
Via les collectifs locaux, les festivals queer, ou simplement en relayant et consommant ces contenus pour leur donner de la visibilité.