Macron vs Owens : la vérité judiciaire derrière l’infox
Ce 23 juillet 2025, Emmanuel et Brigitte Macron ont déposé une plainte en diffamation aux États-Unis, dans le Delaware, contre l’influenceuse conservatrice Candace Owens. Ils l’accusent d’avoir propagé de manière délibérée une rumeur transphobe selon laquelle Brigitte Macron serait née homme, s’appelant « Jean‑Michel Trogneux » et aurait usurpé l’identité de son frère. L’affaire, spectaculaire, renforce le débat mondial face à la montée des fake news, à l’ère des réseaux sociaux.
Un dossier long comme un roman… juridique
La plainte – un document de 218 pages – détaille :
- La série à scandale “Becoming Brigitte”, lancée en janvier 2025, vue plus de 2,3 millions de fois sur YouTube CNEWS.
- Des accusations encore plus extrêmes : incestes, mind control CIA, abus de pouvoir People.com.
- La vente de produits dérivés insultants, comme des T‑shirts détournés « Homme de l’année ».
- Un refus persistant à toute rétractation, malgré plusieurs mises en demeure RTBF.
Contexte : une rumeur déjà en partie jugée en France
Cette accusation ne date pas d’hier. En 2021, deux femmes—Natacha Rey et Amandine Roy—avaient relayé la même information, jugées coupables en première instance en septembre 2024, mais relaxées en appel le 10 juillet 2025, une décision que Brigitte Macron a immédiatement portée en cassation The Times.
Pour la cour d’appel française, la bonne foi des accusées pouvait être plaidée, mais elle n’a jamais légitimé la rumeur comme vraie Wikipédia.
Pourquoi porter l’affaire aux États-Unis ?
Le choix du Delaware – où réside juridiquement Owens –, relève d’un calcul stratégique. Aux USA, prouver une diffamation pour un personnage publique exige de démontrer une « malveillance avérée » (actual malice). Les avocats du couple Macron affirment que Candace Owens a ignoré cinq invitations à rectifier le tir, préférant accumuler les vues et les revenus Financial Times.
« Enough is enough », a asséné Tom Clare, leur avocat, après un an de tentatives de dialogue TIME.
Deux visions opposées : la liberté d’expression vs. la protection de la réputation
D’un côté, Owens crie au complot judiciaire :
« C’est un gouvernement étranger qui attaque la liberté de la presse. » Reuters
De l’autre, les Macrons répondent qu’une désinformation de cette ampleur doit avoir des conséquences, et que même des élites comme eux peuvent être victimes de campagnes mondiales de harcèlement numérique TIME.
Vers un procès historique ?
Cette action en justice – inédite : un président mondial en exercice poursuivant un influenceur – est riche d’enjeux :
- Jurisprudence sur internet : si la justice US condamne Owens, cela enverra un signal fort : les discours publics, même outranciers, peuvent être sanctionnés.
- Enjeux politiques : pour les Macron, il s’agit de montrer qu’ils sont au‑dessus des polémiques et ne cèdent pas aux “fake stories”.
- Risques boomerang : dans les milieux conservateurs, ce procès peut être vu comme une attaque contre la liberté d’expression américaine.
Décryptage d’experts
- Amandine Anizon, autrice de L’Affaire Madame, considère cette stratégie comme un « signal fort contre la Trumpisation de l’information » Wikipédia.
- Avocats spécialisés en droit international, comme Tom Clare, rappellent que la première étape sera d’établir que l’influenceuse savait que ses affirmations étaient fausses ou les relayait avec négligence coupable.
- Psychologues des réseaux sociaux soulignent l’impact psychologique sur la cible : « Imaginer que votre identité est remise en cause globalement : c’est un harcèlement de masse ».
Un content gap majeur : la stratégie du couple Macron
Les articles généralistes se limitent au quoi, au quand, mais éludent souvent le comment :
- Le recours aux tribunaux US comme outil diplomatique numérique : un souffle nouveau dans la lutte contre les infox à l’échelle mondiale.
- La tactique d’exemplarité : l’enjeu n’est pas uniquement moral, mais aussi préventif pour dissuader d’autres diffuseurs de rumeurs.
- L’analyse comparative : les Macrons emboîtent le pas d’autres dirigeants (Trump, Zelensky) qui ont recours à la justice pour rétablir leur image.
En résumé
En engageant cette action, Emmanuel et Brigitte Macron mettent en avant trois échelles de vérité :
Ce qu’il faut surveiller
À suivre | Pourquoi |
---|---|
La décision américaine | Si le procès est accepté, l’audience pourrait coûter à Owens cher… ou cristalliser la bataille sur la liberté d’expression. |
L’appel en cassation française | La neutralisation de l’acquittement en appel pourrait rouvrir la brèche juridique en Europe. |
La riposte de la complosphère | La diffusion mondiale de la affaire va en attiser la viralité, chez les anti-Macron comme les défenseurs de la vérité. |
Conclusion
Alors que l’affaire fait un pont entre Paris et Délaware, elle confronte frontalement deux mondes : celui des tribunaux face à la tyrannie des algorithmes, et celui des puissants face aux guerriers numériques. Une nouvelle ère du combat contre les fake news s’ouvre, et ce procès marquera probablement un tournant.