Le banquet est fini : pourquoi nos lendemains risquent de déchanter
Imaginez un monde où l’abondance ne serait plus une promesse, mais un vieux souvenir. Où vos économies fondraient aussi vite qu’un pot de yaourt oublié sur le capot d’une voiture en août. Non, ce n’est pas le pitch d’une série apocalyptique sur Netflix, mais le scénario très réel que redoutent certains économistes. Un constat glaçant pousse les experts à sonner l’alarme : la période la plus prospère de l’humanité serait derrière nous. Terminée, la croissance molle mais réelle ; envolée, la mondialisation souriante et ses gadgets à prix cassés. Et si les vraies années 30 commençaient maintenant ? Comment en est-on arrivé là ? Et surtout… à qui profite le déclin ?
L’ex-gourou de Wall Street tire la prise : et si elle avait raison ?
Rien ne la prédestinait à déclencher une vague d’angoisse dans les dîners de patrons et les cercles d’investisseurs. Yet, Karen Karniol-Tambour, passée par les bureaux feutrés du géant financier Bridgewater Associates, a claqué le micro sur scène. Dans un article choc publié par L’Express, elle annonce, stoïque : la période la plus prospère de notre histoire est terminée.
Elle ne parle pas d’un simple ralentissement économique, mais d’un tournant historique. Selon elle, les grandes forces qui ont alimenté la croissance mondiale ces quarante dernières années – mondialisation sans limites, politiques monétaires permissives, climat stable – sont en panne. Le décor change, et la lumière aussi. Expression favorite des investisseurs depuis Reagan : « TINA » – There is no alternative. Aujourd’hui, l’alternative pourrait être… la récession structurelle.

On remballe les dividendes : quand l’élite prend peur
Ce n’est pas seulement Karen qui s’inquiète. À Bercy comme au Forum Davos, les inquiétudes sourdent timidement derrière les rideaux de velours. En France, la Cour des comptes a récemment alerté dans un rapport de 2023 sur « la soutenabilité de longue durée des modèles économiques actuels » (source : ccomptes.fr). Même Emmanuel Macron a glissé l’air de rien dans un discours à la jeunesse : « la fin de l’abondance ».
Concrètement, la croissance du PIB dans la zone euro tourne autour de 0,2 % en 2024 selon l’INSEE. L’industrie allemande, moteur du continent, est à genoux. Et les marchés émergents, présentés comme le nouvel Eldorado, se heurtent à la reconfiguration géopolitique. De plus en plus de chefs d’entreprise, interrogés par l’institut BVA, déclarent « ne plus croire au retour des années fastes ». Un dirigeant toulousain du secteur agro-export le résume ainsi : « On a construit nos boîtes sur un monde qui n’existe plus. »
Autopsie d’un effondrement annoncé : pourquoi la croissance s’évapore
Pourquoi le modèle s’essouffle-t-il ? Trois plaques tectoniques sont en mouvement :
- Le climat : le réchauffement global freine la productivité agricole, renchérit les coûts énergétiques et désorganise les chaînes d’approvisionnement (cf. sécheresse de 2022, perte de 30 % des rendements dans le Sud-Ouest selon le ministère de l’Agriculture).
- La démographie : en Europe comme en Chine, les populations vieillissent. Moins de main-d’œuvre, plus de dépenses sociales, et une dynamique entrepreneuriale au ralenti.
- Le verrouillage technologique : à force de concentration, une poignée de Big Tech accapare les flux d’innovation sans redistribuer massivement les gains.
Un rapport de la Banque mondiale publié en janvier 2024 alerte : depuis 2008, la croissance potentielle mondiale s’est divisée par deux. Malgré les milliards injectés dans l’IA ou la transition verte, la productivité patine. Un paradoxe. Pire : on risque bientôt de s’habituer à une décroissance déguisée, maquillée par des aides publiques et des indicateurs faussés. Un lent coma économique sous perfusion.
Le nouvel âge de l’incertitude : vers une économie du stress permanent ?
Quand les élites paniquent, elles sortent les grands mots : résilience, résorption, adaptation. Traduisez : temps durs, couvrez-vous. Un économiste de l’OFCE nous glisse : « Ce qui choque, c’est qu’on ne voit pas d’issue optimiste structurelle hors rupture majeure. » Le mot est lâché. Et si ce n’était pas une crise, mais notre nouveau point d’équilibre ?
Certains prophétisent une société post-croissance, où l’on vivrait mieux avec moins. D’autres évoquent des replis locaux, des économies en archipel, et une revivification des circuits courts. Mais cela suffira-t-il ? Un commentaire parmi tant d’autres sur notre site l’illustre bien : « On nous promettait des week-ends sur Mars, on a hérité de l’inflation et de steaks de pois chiches. » Touché. Car au fond, derrière l’effondrement du modèle économique, c’est aussi un rêve collectif qui s’évapore lentement.
Faut-il pleurer la croissance ou inventer autre chose ?
Le monde change, et avec lui nos repères. Mais faut-il nécessairement pleurer la croissance perdue ? Ou y voir l’opportunité d’un autre contrat social, plus sobre, peut-être plus juste ? Rien n’est écrit encore, sauf une chose : le silence assourdissant de nos dirigeants sur la fin de partie.
Et vous, avez-vous déjà ressenti que l’embellie économique était derrière nous ? Travail moins stable, avenir flou, hausse des prix… Partagez votre ressenti et vos idées pour vivre – ou survivre – dans ce « monde d’après » sans croissance.
FAQ
La croissance mondiale est-elle vraiment terminée ?
Selon plusieurs experts, nous entrons dans une phase de stagnation longue liée au climat, à la géopolitique et à la démographie.
Qui est Karen Karniol-Tambour ?
C’est une économiste américaine et ancienne stratégiste chez Bridgewater Associates. Elle défend l’idée que la période d’hyperprospérité est terminée.
Quels sont les impacts concrets de cette fin de croissance ?
Inflation durable, baisse des investissements, instabilité des marchés du travail et dérèglement des protections sociales sont à prévoir.
Peut-on envisager une économie sans croissance ?
Oui, certains proposent des modèles de sociétés post-croissance, axés sur la résilience locale et la sobriété productive.