9 septembre 2025

Ce film détrône Red Notice… Netflix ne s’attendait pas à ça

Sur une petite place pavée du centre-ville, accoudé à une terrasse déserte malgré les premiers rayons de soleil printaniers, un agent artistique en costard froissé lâche, dans un soupir : « Je savais que ça allait cartonner… mais pas à ce point. » Un serveur lève les yeux de son plateau. À cet instant, sur l’écran fissuré d’un smartphone posé là, un graphique s’affole. Une ligne rouge grimpe au plafond. Netflix vient de pulvériser un nouveau record mondial. Mais pas avec une saga hollywoodienne recyclable. Non. C’est un film dont personne ne voulait, tourné à la va-vite, ignoré par les festivals… et qui explose tout. Qu’est-ce qui fait basculer un film de l’oubli au panthéon du streaming ? Sommes-nous tous manipulés par un algorithme plus puissant que le cinéma lui-même ? Et voyez-vous pourquoi Red Notice tremble ?

La vidéo qui valait 67 jours : Netflix prend feu (virtuellement)

Selon Puremédias, Netflix vient officiellement de couronner un nouveau roi. En 67 jours seulement, « Agent Stone » (version française du très générique « Heart of Stone ») est devenu le film le plus vu de l’histoire de la plateforme, détrônant « Red Notice » et ses ex-frimeurs (The Rock, Gal Gadot, Ryan Reynolds) du podium planétaire. Le film a totalisé 505,1 millions d’heures visionnées dans le monde, soit plus que le temps passé par la SNCF à justifier ses retards.

Ambiance algorithmique : peu ou pas de promo, un scénario aussi fin qu’une feuille à rouler, et pourtant… un tsunami d’audience. Même les créateurs n’y croyaient pas, à en croire ce technicien polonais de post-prod cité dans TV Line : « On pensait que ce serait un film de remplissage. Finalement, mes gosses me demandent un t-shirt Agent Stone à Noël. »

Comment expliquer ce phénomène sans âme, mais avec 500 millions d’heures de loyauté d’écran ? Spoiler alert : Alexa n’est pas étrangère à l’affaire…

Le twist algorithmique : Netflix sait ce que vous allez aimer avant vous

Le vrai héros de cette histoire ? L’algorithme. Celui que Netflix ajuste chaque semaine selon vos yeux, vos clics, vos abandons à 2,3 minutes d’un film russe sous-titré. Selon un document interne révélé par Bloomberg, la plateforme joue désormais sur six types de déclencheurs émotionnels pour « forcer » la curiosité initiale. « Agent Stone » coche cinq sur six : explosion dès la 29e seconde, visage familier en tête d’affiche (Gal Gadot), bruitages Dolby ASMR, top trends bidon et… une bande-annonce coupée juste avant LE moment clé. Résultat : un taux de clic initial boosté de +28%, soit l’équivalent émotionnel d’un match PSG-OM dégénérant en conseil municipal.

Une spectatrice, Tatiana, 42 ans, de Tours, confiait au Monde : « J’ai cliqué par erreur. J’ai cru que c’était une série policière. Et puis je me suis retrouvée à regarder jusqu’au générique. » On ne clique plus par envie. On clique par réflexe. Et l’accident devient addiction.

Mais alors ce règne du clic vaut-il couronne narrative ? Regardons plus loin que les chiffres glorieux et autres fanions de victoire démonétisés…

Le règne du vide bien emballé : quand l’audience devient la seule métrique

Si « Agent Stone » fait tomber « Red Notice », c’est moins par ses qualités intrinsèques que grâce à une insoutenable légèreté du contenu mainstream boosté. Le CNC l’a déjà pointé en 2022 : 81% des succès Netflix en France sont « non promus mais algorithmiquement surreprésentés ». La qualité n’est plus un facteur d’accès, mais un sous-produit.

Ce constat effraie jusque dans les cercles universitaires. Nathalie Teissonnière, maîtresse de conférence en sociologie des médias à l’université Panthéon-Sorbonne, indique : « On assiste à une décorrélation totale entre succès populaire et valeur artistique. La data prime sur le drame. Et même les festivals commencent à s’adapter. » En parallèle, certains réalisateurs de renom tels que Cédric Klapisch dénoncent une « dictature du clic » qui marginalise films d’auteur et récits complexes. L’INSEE, dans un rapport de 2023, établit une baisse de fréquentation des salles françaises de 21% pour les films sans teaser algorithmiquement calibré.

Ainsi, « Agent Stone » pourrait bien être le symptôme d’une époque où le consommateur ne choisit plus, mais consomme parce qu’on a choisi pour lui…

Vers un cinéma pour IA : et si le prochain Spielberg s’appelait GPT ?

Imaginez un film écrit, tourné, casté et monté par une IA, produit selon vos données personnelles. Ce n’est plus de la science-fiction : Netflix développe déjà, selon The Verge, des algorithmes génératifs capables de proposer des arcs narratifs sur mesure. Le futur ? Des films évolutifs selon le profil utilisateur.

Et si « Agent Stone » n’était que le début ? Dans ce monde-là, chaque spectateur n’a plus un film, mais SON film. Une œuvre unique, calibrée pour lui, par des machines qui le connaissent mieux que sa mère. Une expérience immersive… ou un cauchemar 4K ?

Une chose est sûre : Hollywood n’est plus à Los Angeles. Il est dans votre iPhone. À moins que ce ne soit l’inverse…

Et vous, êtes-vous encore spectateur… ou bien consommé ?

La montée en puissance d’œuvres comme « Agent Stone » redéfinit radicalement le succès au cinéma. Si l’on ne mesure plus la valeur d’un film à son scénario mais à son temps de visionnage, alors Netflix a peut-être déjà écrit notre avenir culturel. Automatisé, anesthésié… et viral.

Et vous, avez-vous été happé par un « flop » devenu phénomène ? Avez-vous déjà adoré un film que vous ne vouliez pas voir ? Témoignez en commentaire : qui mène la danse, vous… ou l’algo ?

FAQ

Quel est le film le plus vu de l’histoire de Netflix ?

Il s’agit d’ »Agent Stone », qui a atteint 505,1 millions d’heures de visionnage en 67 jours.

Comment Netflix choisit-il les films à recommander ?

Par un algorithme utilisant des données comportementales (clics, temps passé, abandons…).

Red Notice a-t-il réellement été détrôné ?

Oui, les données officielles Netflix confirment qu’Agent Stone a dépassé les chiffres de Red Notice.

Ce succès est-il synonyme de qualité ?

Pas nécessairement. Le succès s’explique surtout par la force de frappe de l’algorithme sur l’habitude de visionnage.

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