Un canapé renversé, des écrans encore allumés, des néons froids clignotant sur un silence de mort. C’est dans cet appartement figé, à mi-chemin entre plateau de tournage et bunker numérique, que le corps du streameur Jean Pormanove a été retrouvé. Aucun signe de lutte. Aucune trace d’effraction. Juste ce vide étrange, presque organisé. Pourquoi un homme de 29 ans, suivi par près d’un million d’internautes, s’effondre-t-il sans explication après un live pourtant anodin ? Et surtout, pourquoi son décès agite-t-il à ce point la toile et les autorités ?
Le ciel lui est tombé sur le stream
Vendredi 15 août, 23h48. Jean Pormanove termine un live d’apparence banale avec ses abonnés : blagues potaches, dégustation en direct d’un “Burger apocalyptique” et visionnage d’extraits de vidéos virales. Rien, dans les deux heures de diffusion archivées depuis, ne laisse présager l’impensable. Quelques minutes seulement après avoir quitté l’antenne, le jeune homme s’écroule. Il est retrouvé sans vie par son colocataire au matin, inconscient depuis plusieurs heures selon les premières constatations du SAMU. Sa mort provoque instantanément une onde de choc dans la communauté Twitch, puis dans la presse. Des messages alarmants affluent : “harcèlement organisé ?”, “empoisonnement en live ?”, “accident causé par un défi absurde ?”. Les hypothèses les plus folles circulent avant même que le parquet ne commande une autopsie.
L’info que personne n’attendait
Le verdict est tombé. Selon les résultats de l’autopsie relayés par Le Monde, “la mort de Jean Pormanove n’a pas été provoquée par l’intervention d’un tiers”. Pas de poison, pas de strangulation, pas de substance illicite détectée. Le médecin légiste évoque un arrêt cardiaque massif “d’origine vraisemblablement naturelle”, possiblement lié à une anomalie congénitale non diagnostiquée. Problème : l’internaute était suivi annuellement et déclarait une excellente santé. La stupeur est totale… et elle ne fait que grandir. Car parmi les proches du streameur, peu croient au hasard. Sa compagne, interrogée par Radio France, évoque des “changements de comportement étranges depuis quelques semaines”. Dormait peu. Fixait parfois l’écran sans parler. Aussi, dix jours avant sa mort, Jean avait pris contact avec un avocat spécialisé dans le harcèlement numérique.

Streamer un malaise : la face cachée du like
Le cas Pormanove met en lumière une zone grise du streaming français. Rarement contrôlé, souvent surexposé, le métier de streameur dérive depuis des années vers l’épuisement numérique. D’après une étude de l’INSERM de 2024, les créateurs de contenu digital professionnel sont 3 fois plus exposés aux troubles anxieux sévères que la population générale. Un chiffre corroboré par une enquête du CSA : 41 % des vidéastes déclarent avoir déjà ressenti des pensées suicidaires liées à la pression de leurs audiences. Ajouter à cela les “raids” de bots, les campagnes de signalement malveillant, les fake news à répétition. Le cocktail est explosif. Certains parlent d’un “L214 humain” : les viewers consomment de la souffrance comme de la viande discount. Et quand l’algorithme déraille, c’est le streameur qu’on zappe… pour un autre.
Le silence qui en dit long : vers un vide juridique ?
La non-implication d’un tiers innocentait… mais n’explique pas tout. Le parquet a refermé le dossier judiciaire. Mais du côté du législatif, la tempête gronde. Plusieurs députés réclament l’ouverture d’une commission sur la “santé mentale dans les professions numériques invisibilisées”. Une première proposition de loi, portée par Valérie Garrot (MoDem), vise à étendre la médecine du travail aux autoentrepreneurs du secteur créatif digital. En parallèle, le réseau Twitch France a décliné toute interview à nos confrères du Monde, renvoyant simplement aux lignes de “guidelines communautaires”. Un blanc glaçant… Alors, simple fatalité ou burn-out algorithmique ? La réponse divise.
Et maintenant, qui protège les streameurs ?
L’affaire Pormanove pourrait bien n’être que la pointe émergée d’un iceberg numérique. Automatisation des modérations, épuisement par “grind” quotidien, isolement psychologique : les dangers se multiplient. La ministre de la Santé a annoncé à demi-mot la création d’un observatoire dédié, sans en préciser la date. Trop tard ? Pendant ce temps, les vidéos-hommages s’accumulent. Dans le chat de ses rediffusions, un message revient en boucle : “et si on avait vu venir ?”
Et vous, connaissez-vous des proches touchés par l’hyper-connexion ? Pensez-vous que la société en fait assez pour protéger les créateurs exposés ? Dites-le-nous en commentaire.
FAQ
Qui était Jean Pormanove ?
Jean Pormanove était un streameur français très suivi pour ses contenus variés mêlant humour, culture web et critique sociale. Il s’était fait connaître en 2022 avec ses “lives à thème”.
Quelle est la cause de sa mort selon l’autopsie ?
Une défaillance cardiaque soudaine sans intervention extérieure, possiblement liée à une pathologie non décelée selon les médecins légistes.
Y a-t-il une enquête judiciaire en cours ?
Non, le parquet a clôturé le dossier après l’autopsie, concluant à une mort naturelle.
Le stress numérique est-il reconnu comme un risque professionnel ?
Pas officiellement. Mais plusieurs études et propositions politiques en 2025 appellent à une meilleure prise en charge des métiers numériques.