9 octobre 2025

“14 milliards envolés ? Le pari choc du PS que personne n’avait vu venir”

Quand le PS sort la calculette (et les banderilles)

Les murs du siège du Parti socialiste n’ont pas tremblé, mais presque. En ce début de printemps, alors que la macronie bavote sur une dette publique qui flambe comme une voiture de CRS le 1er mai, les socialistes ont joué les pompiers… avec un bidon d’essence sous le bras. Un document de 25 pages confidentiellement balancé dans les rédactions propose 41,9 milliards d’euros de mesures pour redresser les finances publiques. Rien que ça. Mais derrière les colonnes de chiffres et les pourcents bien peignés, une question pique : à qui s’adresse vraiment ce programme-choc ? Et surtout : qui va payer ?

Réveillez les morts : le PS promet des milliards

Selon une enquête de Libération, le document interne détaille une stratégie aussi audacieuse que revancharde : 14 milliards d’euros d’économies et 27,9 milliards de nouvelles recettes. Parmi les coupes budgétaires annoncées, un classique de la gauche : réduction des niches fiscales « inefficaces », suppression de la flat tax, taxation renforcée des hauts patrimoines et… retour de la redevance audiovisuelle (eh oui). Le tout accompagné d’un doublement de l’impôt sur la fortune immobilière. Rien que ça. Ce plan, baptisé sobrement « Redressement juste », donne des vapeurs à la droite et semble taillé pour griller la politesse à La France insoumise, en perte de vitesse post-Nupes. Mais alors, simple posture ou vraie stratégie de retour en grâce ?

Mais d’où sort ce plan et à qui profite-t-il vraiment ?

Le plus frappant, ce n’est pas que le PS joue les comptables. C’est bien qu’il veut faire saliver sur la base. Dans ce plan, plusieurs scénarios fiscaux visent à redéployer la dépense publique au profit des jeunes, des travailleurs précaires et des « classes moyennes oubliées » (concept flou apprécié des discours de campagnes). Un ancien haut fonctionnaire proche de l’équipe Faure confie au Torcher : « L’idée est de coller à l’image d’un PS gestionnaire mais social. On veut montrer qu’on peut être responsables sans être macronistes. » L’expérience de la décennie Hollande semble digérée : on promet de « rassurer Bruxelles » tout en taxant les yachts. Un numéro d’équilibrisme fiscal. Côté chiffres, l’INSEE confirme que les dépenses liées aux niches fiscales atteignent 94 milliards par an, ce qui laisse dire à certains économistes qu’une « rationalisation » chirurgicale pourrait effectivement rapporter gros. Mais la contrepartie sociale, elle, reste encore à détailler.

Vers un choc de fiscalité ou un choc de crédibilité ?

La proposition du PS suscite des réactions partagées. Les syndicats y voient une lueur à gauche. Les économistes, eux, sortent la double loupe. Pour Anne-Laure Delatte, économiste au CNRS, interrogée par Mediapart, « la reprise en main des dépenses fiscales est une piste sérieuse, mais elle exige une réforme vertébrale de la structure budgétaire de l’État – pas juste des slogans ». Et c’est là le hic. Le PS, traumatisé par ses échecs électoraux, manie le calcul pour regagner sa visibilité. Expérience oblige : à Cergy, lors d’un atelier citoyen piloté par la maire socialiste, l’annonce du projet de hausse de la fiscalité sur les dividendes partagés a reçu un accueil glacial : « Ça commence toujours comme ça, et à la fin, c’est toujours nous qui payons… » soupire un retraité. Le combat contre la dette peut-il se gagner si personne ne croit à l’intention derrière le chiffre ?

Ce plan peut-il rebattre les cartes à gauche (ou à l’Élysée) ?

Avec des européennes qui s’annoncent moroses pour la gauche, le PS joue gros. Très gros. Ce plan fiscal est peut-être l’avant-goût d’un projet présidentiel. Il oppose au néolibéralisme d’Attal une vision plus distributive du redressement des comptes — sans tomber dans le « Grand Soir » façon Mélenchon. Pourrait-on voir renaître un axe PS-Verts sur une feuille de route économique commune ? Certains y croient, d’autres rigolent. Mais une chose est sûre : en avançant des chiffres précis et des outils réalistes, le Parti socialiste s’essaie de nouveau à l’art complexe de la crédibilité. Pas sûr que cela suffise, mais voilà une pierre jetée dans le marigot politique français. Et vous, taxer les riches pour sauver les finances publiques, vous y croyez ? Ou c’est encore une carotte fiscalo-électorale ?

FAQ

Qui a conçu le plan de redressement du PS ?

Il s’agit d’un travail interne piloté par les équipes économiques du PS, notamment autour d’économistes membres du Conseil national du parti.

Combien le PS veut-il économiser avec ce plan ?

Le document prévoit 14 milliards d’euros d’économies et près de 28 milliards de recettes fiscales nouvelles.

Quelles sont les mesures fiscales clés du plan ?

Parmi les mesures phares : suppression de la flat tax, doublement de l’IFI, taxation des multinationales, et réintroduction de la redevance télé.

Cette proposition a-t-elle une chance d’être appliquée ?

À ce stade, c’est une proposition d’opposition. Mais elle pourrait influencer les débats si le PS remonte dans les sondages ou intègre une majorité future.

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